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Les Pérégrinations vers l'Est
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Dimanche 31 juillet - Ballade en "forêt"

Dimanche 31 juillet - Ballade en "forêt"

22h34 - Dawai

Sacrée journée ! Cet après-midi, je m'étais mise en tête d'aller faire une ballade en forêt, dans les montagnes qui entourent l'université. Je n'avais toujours pas trouvé de plan, mais elles avaient l'air relativement proche, et je pensais que ça ne serait pas bien compliqué. Grossière erreur...

Popote-mobile au repos ?

Popote-mobile au repos ?

Tiguida souhaitait m'accompagner, et Evora a décidé de venir avec nous peu après. Nous avons commencé par aller acheter une carte SIM chinoise pour Evora dans une petite boutique de téléphones derrière la supérette. C'est là que je me suis rendue compte que le prix auquel j'avais acheté la mienne à l'aéroport était près du double de celles que l'on trouve ici pour les mêmes options... Bref, toujours est-il que jusqu'ici tout allait bien ! Puis, nous avons voulu prendre un raccourci...

Barque de pêche abandonnée sur le chemin de notre "raccourci"

Barque de pêche abandonnée sur le chemin de notre "raccourci"

Nous nous sommes retrouvées dans un quartier d'habitation fermé. Le dimanche après-midi, il y a beaucoup de monde au pied des immeubles. Il y avait certes beaucoup de personnes âgées, mais pas que ! La plupart étaient juste assises là et jouaient par groupe de 6/8 autour d'une petite table, parlaient, ou chantaient même ! Il y avait du linge qui séchait partout, par exemple étalé sur les feuilles des buissons. J'ai l'impression que la vie ici est beaucoup plus tournée vers l'extérieur que chez nous, à moins que ça ne soit en raison de la chaleur. En tout cas, les liens sociaux ont l'air d'être plus importants. On a aussi croisé deux bandes de chiens errants, et des immeubles vides, encore.

Immeuble vide à gauche, et cour privée à droite

Immeuble vide à gauche, et cour privée à droite

Après être ressorties de là, nous avons pu rejoindre la grande route qui passe devant l'université et que j'avais le projet de suivre pour nous rapprocher de la forêt. On a croisé des ouvriers travaillant sur les canalisations à côté du trottoir, on a parlé quelques minutes avec eux, on a ri. On a demandé au deuxième groupe d'ouvriers un peu plus loin s'ils savaient comment faire pour se rendre dans la forêt. Ça les a fait rire, et ils nous ont dit qu'ils n'en avaient pas la moindre idée. Derrière eux, j'ai vu une petite route de terre qui paraissait se diriger vers les montagnes, alors je me suis dit que ça devrait le faire.

Sur la droite, la grande route qui passe devant l'université ; "La lumière du soleil de la vallée de la sagesse", tout un programme !

Sur la droite, la grande route qui passe devant l'université ; "La lumière du soleil de la vallée de la sagesse", tout un programme !

La rue descendait beaucoup, et il y avait des tas d'ordures en plein air de place en place, recouverts de mouches qui se tapaient contre nos jambes quand nous passions. Le style de logement n'était plus composé d'immeubles, mais de petites maisons basses, de deux étages au maximum, avec une petite cour privée. Sur leurs portes ou leurs murs, la plupart avaient le caractère (/Fú / Bonheur, bénédiction) inscrit au centre d'un losange de papier collé et décoloré, souvent dans des tons roses délavés. Ces papiers sont collés traditionnellement durant la fête du nouvel an. Dans leurs jardins, beaucoup faisaient pousser du maïs (il y en a absolument partout ici c'est incroyable...), et ce qui ressemblait à des oignons ou des poireaux. Il y avait aussi beaucoup d'arbres fruitiers, abricotiers ou pêchers il me semble. On a croisé quelques personnes qui nous dévisageaient, comme souvent, mais ici personne ne s'est arrêté pour nous demander quoi que ce soit. Nous avons continué de marcher dans cette rue un bon moment, avec toujours la montagne mais sur notre droite cette fois : nous l'avions finalement contournée, et celle-ci paraissait beaucoup plus abrupte de près. Je commençais à douter.

Un des virages de la petite rue et ses maisons basses

Un des virages de la petite rue et ses maisons basses

Le soleil tapait fort et je commençais à avoir mal à la tête. Ma gourde de thé touchait à sa fin, cela ne faisait qu'une heure que nous marchions, et je n'avais pas pris plus d'eau. Au fond d'une propriété, nous avons finalement cru voir des escaliers qui montaient vers la forêt. Nous nous sommes un peu approchées, et nous étions en train de nous demander si nous allions oser appeler quelqu'un ou si nous allions passer notre chemin en essayant de trouver un autre accès quand une dame est arrivée. « 你找谁?» (/Nǐ zhǎo sheí?/ Vous cherchez quelqu'un ?). On lui explique qu'on veut aller se promener en forêt mais que l'on ne sait pas comment s'y rendre. Pendant près d'une dizaine de minutes, elle nous expliquera que l'on ne peut pas y aller, en pointant du doigt nos tongs et nos short. Elle nous explique que c'est trop dangereux, car avec les pluies la terre n'est pas stable, et nous pourrions tomber. Elle était très souriante et riait de bon cœur. Nous la remercions et reprenons alors notre chemin, avec cette fois-ci pour objectif de trouver une autre route pour rentrer, un peu plus courte si possible car nous n'avons vraiment plus d'eau du tout.

Entrer dans la forêt s'était révélé plus compliqué que je ne l'avais cru...

Entrer dans la forêt s'était révélé plus compliqué que je ne l'avais cru...

Nous finissons alors par retomber sur la grande route, la même que celle qui passe devant l'université pensons-nous. Au dessus de nos têtes sur une route surélevée passe la ligne de train, ou de métro plutôt. Le paysage est à nouveau ponctué de tours isolées et habitées. On trouve un abri de bus, et après une tentative infructueuse pour installer百度地图 (/Bǎidù dìtú/ Baidu Map, l'équivalent local de Google Maps) sur le téléphone d'Evora (qui dispose maintenant de la 4G grâce à la carte SIM achetée plus tôt !), sans passer par le PlayStore (qui ne fonctionne évidemment pas), nous décidons de tenter notre chance avec le bus. Après tout, c'est écrit "30" sur l'arrêt, et j'ai vu ce même "30" sur l'arrêt de la fac, alors j'imagine que ce bus doit bien s'y rendre. On scrute le tableau des horaires, et sans trop de certitudes, il nous semble qu'il passera à 17h00. Il est 16h30, et de toute façon nous sommes crevées, alors autant attendre.

Nous revoilà sur la grande route, et les immeubles sont de retour !

Nous revoilà sur la grande route, et les immeubles sont de retour !

Le bus finit bel et bien par arriver, pile à l'heure ! On monte, et après quelques explications nous comprenons que c'est 2RMB. Nous avons de la chance, il nous reste en tout 6RMB en monnaie. Le bus roule, roule, roule... On reconnait la route, puis, petit à petit, on est bien obligée de s'avouer que les paysages qui défilent ne nous disent plus rien. Tiguida finit par se lever pour aller demander au chauffeur s'il va bien à Dawai. Il lui répond simplement non, puis rit en voyant nos mines décomposées. On se regarde, et on finit par en rire aussi, tellement la situation nous parait absurde. Nous n'avons plus la moindre idée d'où on est ni où on va, mais on décide de rester et de voir où ça nous mène : on est fatiguées, à court d'idées, mais assises, et l'air frais qui s'engouffre dans les fenêtres ouvertes est trop agréable. Au terminus, il y aura sûrement des taxis après tout. On espère... Ce trajet m'a aussi permis de découvrir une des raisons qui pousse les chauffeur à klaxonner : chaque fois que le bus s'apprête à doubler, il le fait systématiquement ! J'ai pu constater que c'était aussi le cas des autres véhicules autour de nous.

Finalement, le bus s'arrête et tout le monde descend. On croit reconnaitre les alentours. On demande alors au chauffeur :

- « 我们在哪儿?» (/Wǒmen zài nǎr ?/ Où sommes-nous ?)

- « 旅顺。» (/Lǚshùn./ Lushun.)

- « Aaaaaah ! »

Enfin, nous sommes soulagées, nous voilà à nouveau en terrain connu ! En plus, grâce à cette petite mésaventure, nous avons appris que pour nous rendre à Lushun, il suffit de prendre le bus qui passe devant l'université : il fait quelques détours [nous avons constaté par la suite que nous étions montées à un arrêt plus loin que celui de l'université, ce qui explique que le bus ne s'y soit pas arrêté] et cela prend un peu plus de temps qu'en taxi (une vingtaine de minutes au lieu d'un quart d'heure), mais c'est aussi moins cher.

Nous ne sommes pas loin de la gare de Lushun, alors on décide d'aller y jeter un coup d'œil. De plus, j'ai l'espoir de pouvoir enfin y trouver une carte ! Après quelques demandes aux différents guichets, je finis bel et bien par en trouver une, pour à peine 5RMB ! Je suis super contente, avant de réaliser qu'il s'agit d'une carte du centre de Dalian. Tant pis, ça peut toujours être utile, et je finis par laisser tomber l'idée d'en trouver une du coin.

Dans la gare de Lushun

Dans la gare de Lushun

Nous avons remonté la rue de la gare jusqu'à retrouver le centre commercial où le taxi nous avait déposé la première fois. Sur le chemin, nous sommes passées devant une sorte de boulangerie chinoise. On a vu des espèces de cornet en pâte feuilletée qui semblaient être fourrés à la crème pâtissière, avec une sorte de dorure sur le dessus... On a voulu essayer ça ! Manque de bol : la "dorure" était une sorte de chapelure à base de poisson, et le fourrage n'avait pas vraiment de goût...

A gauche : des joueurs d'échecs chinois probablement (象棋 /Xiàngqí/) ; A droite : rue de Lushun

A gauche : des joueurs d'échecs chinois probablement (象棋 /Xiàngqí/) ; A droite : rue de Lushun

On s'est promené un peu, et on a finit par revenir vers la gare routière, où nous avons acheté des glaces, à 1RMB pièce ! La mienne et celle de Tiguida étaient à la mangue et au melon vert, plutôt une sorte de sorbet qu'une glace, ce qui était franchement agréable par ce temps. On les a mangé en regardant un groupe de dames faire un spectacle d'éventail, comme l'autre soir à Dawai. Un enfant de 3 ou 4 ans avec les cheveux tondus en forme d'étoile au sommet du crane et de deux ronds à l'arrière (fait maison visiblement), est venu nous parler. Il nous amenait ses jouets un à un et nous en faisait une démonstration : entre autre, une voiture en bois avec une hélice à l'arrière que l'on remonte à l'aide d'un élastique. Il y a beaucoup de groupes d'enfants qui jouent dehors, et les parents ne sont jamais très loin. Même en pleine ville, on se croirait sur la place d'un village.

Danse d'éventail à Lushun

Danse d'éventail à Lushun

Nous avons finalement pris le taxi pour rentrer, ceux qui passent devant le centre commercial car ceux de la gare routière n'allaient pas à Dawai, je n'ai pas compris pourquoi. En arrivant à l'université, il y avait une sorte de petite fête dans le parc sous les tonnelles. Les filles s'y sont arrêtées pour aller danser avec les autres, tandis que pour ma part je suis rentrée prendre une douche bien méritée...

Scènes de rue à Lushun. A gauche : groupe d'enfants dont notre ami à l'étoile ; A droite : vendeur de chaussettes et de bas

Scènes de rue à Lushun. A gauche : groupe d'enfants dont notre ami à l'étoile ; A droite : vendeur de chaussettes et de bas

Finalement, tout est bien qui finit bien, nous avons retrouvé notre chemin et cette ballade en forêt se sera transformée en ballade en centre-ville, mais au moins, on aura bien ri !